Le lendemain d'un derby anglais au résultat troublant, le Jockey Club a mis sur orbite du turf européen Intello, encore un Galileo qui s'offre une classique. Intello qui gagne dans une patrie du cheval de course où les acteurs sont plus souvent des maîtres à panser et où les vrais théoriciens du turf brillent par leur absence, cela fait un peu bizarre.
Les entraîneurs pensent tactique, partition, cohérence de la musique de leurs chevaux, évitent les fausses notes, se comportent comme des chefs d'orchestre qui inlassablement observent la répétition des galops pour repérer le soliste talentueux...André Fabre (*) est assurément de la trempe d'Igor Stravinsky, version turf, controversé, omniprésent, fin stratège, aimant relever les défis. Coïncidence : le Sacre avait été joué à Paris il y a un siècle presque jour pour jour avec une chorégraphie de Nijinsky, dont le nom fut repris pour nommer l'un de champions du siècle dernier, étalon qui produira deux vainqueurs de l' Epsom Derby et un vainqueur d'Arc.
Intello a gagné nettement. Comme un très bon poulain tout près d'entrer dans la catégorie des champions. Pour être champion, il lui faudra réussir sa deuxième partie de saison. Bien sûr, on pense à l'Arc, avec le prix Niel en guise de test sur 2400. Successeur potentiel à Solémia pour les frères Wertheimer.
Les visiteurs étrangers qui n'apparaissaient pas au premier abord comme des prétendants valables ont fait pale figure. D'ailleurs, si Aidan O'Brien n'a maintenu aucun de ses candidats, fallait-il peut-être y voir un signe que pour lui, le fait qu'Intello ait laissé à plus de dix longueurs Glory Awaits qui, trois semaines plus tard, sera le dauphin de Dawn Approach dans les Guinées, n'était pas un signe du hasard.
Je ne voyais pas en ce Jockey Club une très grande édition. Pour autant, le résultat est là. Terrain juste souple, course régulière, tout cela ne souffre d'aucune contestation. Intello s'est envolé et personne n'a pu le suivre. Morandi confirme enfin sa valeur. Sky Hunter est un grand nerveux. Shikarpour est encore en phase d'apprentissage et il apprend vite (premier grand examen dans le Grand Prix de Paris ? ou le Derby irlandais ?). Mshawish, battu deux fois par Dalwari est un quatrième encourageant. Quelques déceptions : Bravodino, Dalwari et Dastarhon....
Le prix de Sandringham, habituellement une épreuve de consolation pour des pouliches ayant bien couru dans la Poule, est tombé dans l'escarcelle de Jean-Claude Rouget qui, judicieusement avait réservé Peace Burg pour cet objectif. Ce qui prive Topaze Blanche d'une première belle victoire. Quant à What A Name, la preuve est désormais faite que le mile c'est trop long pour elle.
Le Royaumont a réservé une belle surprise avec la victoire d'Eleuthera, une pouliche entraînée par Philippe Demercastel, une victoire pleine d'émotions car c'est une fille de son champion Spirit One. Née sous le signe des réclamers, d'origine modeste, sa mère Class A Fair n'a gagné qu'une course en 27 sorties. Au haras un seul de ses produits à couru, sans gagner une seule course. Sa grand-mère Natalia Fair a été une excellente jument de handicap.
Celle-ci, morte prématurément, a produit Livaniana qui sera la mère de Thousand Stars le champion de Willie Mulins lauréat, entre autres, deux fois de la Grand Course de Haies d'Auteuil.
Pour le Grand Prix de Chantilly, plusieurs prétendants possibles : Saonois qui devait rassurer, Haya Landa qui pouvait enfin obtenir une victoire méritée, Pirika qui devait confirmer son prix d'Hédouville et Now We Can, invaincu depuis un an, annoncé comme un possible successeur de Dunaden à Melbourne, qui devait s'affirmer. Finalement c'est ce dernier qui va gagner du minimum, après que Remus de la Tour ait tenté de l'emporter en cheval dur, comme il l'avait essayé dans le prix d'Hédouville. Sur leurs talons, Haya Landa et Pirika que l'on pourrait retrouver dans le Grand Prix de Saint Cloud à la fin du mois comme Now We Can et Cirrus des Aigles.
(*) André Fabre a annoncé qu'il engagerait Intello dans le Jacques le Marois
